Les Primeurs 2017 à Bordeaux : dégustation et premier debrief
La semaine de dégustation des primeurs 2017 à Bordeaux s’est déroulée il y a quelques jours. A Bordeaux justement.
Mais, comme chaque année, je n’ai pas pas réussi à trouver le temps de descendre dans le Bordelais...
Heureusement, les maisons Dourthe-CVBG ont pu organiser une session de rattrapage ce lundi 16 avril dans leurs locaux parisiens.
Je remercie donc chaleureusement l’équipe Thiénot-Dourthe-CVBG-Kressmann pour cette initiative : un rapide tour de table, sur environ 35 échantillons, afin de se faire une petite idée de ce millésime 2017.
Ce millésime 2017 a été marqué, il faut le rappeler, par un épisode de gel sévère au printemps. 3 nuits fin avril (le 20, le 27 et le 28), où les températures ont fortement chutées. Le mois de mars ayant été relativement chaud, les vignes avaient débourré tôt, et la végétation était en avance de 10 15 jours.
Ce millésime sera donc marqué par ce phénomène : baisse des volumes d’une part (un bon 40 % de moins sur la région), et parfois aussi baisse de la qualité, car certaines récoltes se sont faites sur des vignes qui ont compensées, et le niveau qualitatif n’est vraiment pas au rendez vous. Certains châteaux devraient ne pas sortir de premier vin.
Première conclusion, dans les grandes lignes : 2017 s’oriente sur un millésime fruité, frais, avec des structures souples. On pourra comparer notamment à 2008, et un peu à 2011 ou 2012.
Vers Saint-Emilion : le gel a fortement frappé beaucoup de propriétés.
J’ai goûté dans l’ensemble de jolis vins.
La trame est en général fruitée, digeste, fraîche. Un profil floral est aussi facilement présent.
J’ai remarqué aussi que les vinificateurs s’étaient retenu sur le bois (ouf !) : les jus de planches n’étaient pas de la partie, les élevages se faisaient discret, élégants, fondus. Dans l’ensemble.
Mes préférences : Arômes de Pavie, Château Pavie Decesse, Château Canon, Château Grand Pontet
Sur Pomerol : je n’ai goûté qu’un échantillon, pas top. Bon, je ne vais pas tirer de conclusion sur un échantillon.
Bref : tu es sur Pomerol, tu veux m’aider à me faire une idée ? Envoie moi des échantillons. Merci.
Vers Pessac-Léognan : millésime sur lequel il va falloir faire du tri, va falloir goûter, ça ne s’annonce pas facile. 4 vins goûtés, 1 très bien, 1 bien mais à revoir, 2 pas bien.
Ma préférence : bien en place, tout en classe, le Château La Garde (avec 2/3 de Cabernet Sauvignon pour 1/3 de Merlot, ce qui est sa tendance avec le ré-encépagement du Château initié depuis quelques années, faisant de plus en plus la part belle au Cabernet-Sauvignon au détriment du Merlot) offre un vin dense et frais, au fruit bien souligné, avec une superbe trame tannique.
Le Château Pape Clément, plus austère au nez, offre une belle droiture en bouche, devrait se révéler dans le temps (si il n’est pas assommé par l’élevage, ce qui je trouve est la tendance sur les propriétés de Bernard Magrez).
Remontons vers le Médoc maintenant.
Vers Moulis : sur Château Chasse Spleen, une propriété qui, habituée à avoir un vin qui se vend tout seul grâce à son nom, ne s’embarrasse pas de faire bon. Ils font du Chasse Spleen. Du coup, ils sont capables du pire (j’ai goûté des millésimes franchement pas au niveau...) comme du meilleur. Et bien sur 2017, on s’approche du meilleur. Fruit juteux, fraîcheur, des beaux tanins. Entre sensation de légereté et sensation de volume, bel équilibre. Comme quoi.
Vers Listrac, le Château Clarke offre un vin plus charnu, plus dense, avec une belle droiture (toujours cette fraîcheur).
Il faudra en goûter d’autres quand même...
Très joli millésime sur le Château Belgrave (Haut-Médoc) : un nez très fruit, une belle maturité, et un équilibre frais. Dense en bouche, fruits noirs, fraîcheur. En matière et en élégance.
Vers Saint-Estèphe, secteur très peu touché par le gel (proximité de l’estuaire de la Gironde), c’est globalement un beau millésime, réussi.
Les propriétés que j’ai beaucoup aimé : Château Lafon Rochet (je suis toujours fan) et Château Le Boscq. Dans une moindre mesure Château Calon Ségur.
Par contre, grosse cata sur Margaux. Millésime où il va falloir goûter avant d’acheter... Sur l’ensemble des échantillons dégustés, sensation de vins fluides, fluets, avec des tanins trop présents. Bref, un gros déséquilibre...
Sur Saint-Julien : on retrouve de jolis vins, élégants, fruités, équilibrés. Mes préférences allant vers Château Glana (charmeur avec son fruit pulpeux et son équilibre) et Château Beychevelle (au fruit plus noir, mais tout en pureté et en longueur).
Si vous connaissez un peu les Vignobles Dourthe, vous verrez que j’ai bien noté plusieurs de leurs propriétés. Rendons à César ce qui est à César, certes, c’est Dourthe qui organisait cette session, mais en toute honnêteté l’ensemble de leurs vins goûtaient admirablement bien. Joli travail.